Soigner les profits, pas les patients
Aux États-Unis, la santé est un business. Rien de neuf. Mais quand le premier assureur santé du pays, UnitedHealth est accusé de refuser des soins pour doper ses profits, on se dit qu’on a atteint un nouveau palier dans la médecine sous Excel.
Selon une enquête explosive du Guardian, UnitedHealth (UNH) aurait versé en douce des primes à des maisons de retraite pour qu’elles évitent d’envoyer les résidents à l’hôpital.
Objectif : moins de soins, plus de rentabilité. Pas besoin d’être devin pour comprendre ce que ça donne côtés patients : certains se sont retrouvés dans le coma, voire pire, pour avoir été soignés… plus tard que prévu.
Et Wall Street, dans tout ça ?
L’action UNH a dévissé de plus de 10 % à la publication de l’article du Guardian.
Raison ? Des investisseurs furieux, un CEO débarqué, et surtout une enquête criminelle du DOJ (Département de la Justice) sur une autre pratique tout aussi pire : l’upcoding.
En gros, gonfler artificiellement les diagnostics pour que Medicare (l’assurance publique) rembourse plus.
Quand on vous disait que certaines entreprises sont plus créatives que Netflix…

Source : @Tradingview
Quand l'IA dit "Non" (pour votre bien... ou celui des marges)
Et parce que l’ère numérique nous réserve toujours de belles surprises, UnitedHealth aurait aussi mis au point un algorithme, prénommé nH Predict.
Son rôle ? Déterminer la durée idéale de votre séjour en centre de rééducation. Un peu comme si votre GPS vous disait « Tournez à droite… pour éviter les frais ».
Le souci ? Ce petit génie de l’optimisation aurait, selon les plaintes, un taux d’erreur de 90% quand il s’agit de prédire le besoin réel de rééducation. Autrement dit, si l’IA vous dit de rentrer chez vous, il y a de fortes chances que votre corps, lui, ne soit pas du même avis.
Cette IA, loin d’être un médecin 2.0, serait plutôt un « cost-killer 1.0 », dont la mission principale est de réduire les séjours pour maximiser les profits. La machine a remplacé l’humain dans la décision, et le résultat, malheureusement, ne s’est pas toujours traduit par une meilleure santé pour le patient, mais par une plus belle ligne dans le bilan.
La réponse de UnitedHealth ?
Une plainte… pour diffamation contre le Guardian. Classique.
L’entreprise affirme que les documents ont été « sortis de leur contexte ». Un peu comme leurs remboursements.
Et pendant ce temps, les clients attendent, les soignants s’indignent, et les gestionnaires de portefeuille réévaluent le risque « éthique » dans leurs allocations.
Conclusion : la santé, c’est (aussi) une ligne de patrimoine
En gestion de patrimoine, on dit souvent qu’il faut diversifier. Mais diversifier dans un assureur qui préfère le cash-flow au soin vital, c’est peut-être un peu trop audacieux, même pour les plus téméraires.
Moralité ? Méfiez-vous des actions qui refusent de soigner. Elles finissent par être diagnostiquées “toxiques”.
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Crédit photo : @Pexels