La question de la rémunération du chef d’entreprise est bien plus complexe qu’il n’y paraît quand il s’agit de savoir comment optimiser la rémunération du dirigeant.
Elle ne se limite pas à “combien je me verse chaque mois”, mais englobe comment se rémunérer intelligemment, en tenant compte de la fiscalité, des cotisations sociales, de la trésorerie de l’entreprise… et de vos projets personnels.
Bien gérée, votre rémunération devient un véritable outil d’optimisation fiscale, sociale et patrimoniale.
Définir le bon statut pour optimiser les charges
Le choix du statut influence directement le montant net que vous percevez pour un même coût pour l’entreprise.
- Gérant majoritaire de SARL/EURL (TNS) : cotisations sociales plus faibles (environ 40-45 % du revenu brut), mais protection sociale moindre (notamment retraite et prévoyance).
- Président de SAS/SASU (assimilé salarié) : cotisations plus élevées (65-75 % du brut) mais meilleure couverture sociale, notamment en cas d’arrêt maladie ou d’accident.
Astuce : Pour une société rentable qui dégage un bon résultat, le statut TNS peut optimiser le net à court terme. En revanche, si la protection sociale est une priorité, l’assimilé salarié est souvent plus adapté.
Trouver l’équilibre entre salaire et dividendes
C’est l’un des grands classiques de l’optimisation.
- Salaire : ouvre des droits à la retraite et à la protection sociale, mais subit des charges sociales importantes.
- Dividendes : soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % (ou option pour le barème + abattement), mais pas de cotisations sociales… sauf pour les gérants majoritaires de SARL, au-delà d’un certain seuil.
Exemple concret : Un dirigeant de SAS peut se verser un salaire de base modéré pour valider ses trimestres de retraite, puis compléter avec des dividendes pour réduire la charge sociale globale.
Utiliser les frais professionnels à bon escient pour optimiser la rémunération du dirigeant
Beaucoup de dirigeants oublient qu’une partie de leurs dépenses professionnelles peut être prise en charge par l’entreprise, ce qui revient à augmenter leur pouvoir d’achat net d’impôt.
Exemples fréquents :
- Frais de déplacement, repas d’affaires, hébergement en déplacement
- Indemnités kilométriques pour usage du véhicule personnel
- Matériel informatique, téléphone, abonnement internet
- Formations professionnelles
Astuce : Documentez toujours les justificatifs. Chaque euro passé en frais pro, c’est un euro qui ne passe pas en rémunération imposable.
Profiter de l’épargne salariale et de l’épargne retraite
Les dispositifs d’épargne collective sont souvent associés aux salariés… souvent oublié mais un dirigeant peut aussi en bénéficier.
- PEE (Plan d’Épargne Entreprise) : blocage 5 ans, exonéré d’IR et charges sociales (hors CSG/CRDS).
- PERCO / PERECO : sortie en capital ou rente à la retraite, fiscalité allégée à l’entrée ou à la sortie selon le cas.
- Contrats Madelin (pour TNS) : déductibles du revenu imposable dans certaines limites.
Astuce : Un PEE alimenté par l’entreprise via l’abondement permet de se constituer un capital avec un effort net bien moindre qu’un versement personnel.
Intégrer les avantages en nature et optimiser la rémunération du dirigeant
Certains biens ou services peuvent être mis à disposition du dirigeant par l’entreprise, avec un coût fiscal réduit.
Exemples :
- Véhicule de fonction
- Logement de fonction
- Téléphone portable, ordinateur
- Tickets restaurant
Exemple : Une voiture de fonction, amortie par l’entreprise, peut coûter beaucoup moins cher en avantage en nature que si le dirigeant la finance sur son revenu net.
Jouer sur le compte courant d’associé
Si vous avez prêté des fonds à votre société, elle peut vous rémunérer par des intérêts sur compte courant d’associé.
- Ces intérêts sont déductibles pour la société (dans certaines limites de taux fixées par l’administration).
- Ils sont imposés chez le dirigeant (PFU ou barème), mais peuvent constituer une source complémentaire de revenu sans charges sociales.
Penser au long terme : holding et stratégie patrimoniale
Pour les dirigeants actionnaires, la mise en place d’une holding peut permettre :
- De remonter des dividendes sans fiscalité immédiate (régime mère-fille)
- De réinvestir dans d’autres projets ou placements
- D’optimiser la transmission de l’entreprise
Ce type de montage doit être pensé avec un expert fiscal, car il comporte des contraintes et nécessite une certaine taille d’activité pour être pertinent.
L’accompagnement par un expert-comptable
Les leviers sont nombreux, mais ils s’imbriquent avec la situation personnelle (famille, patrimoine, âge, projets…).
Un bon expert-comptable ou conseiller en gestion de patrimoine peut :
- Simuler plusieurs scénarios salaire/dividendes
- Identifier les dispositifs fiscaux adaptés
- Sécuriser la mise en place pour éviter les redressements
Règle d’or : Ce qui est optimal fiscalement une année peut ne plus l’être la suivante. Une optimisation se révise chaque année.
Conclusion
Optimiser la rémunération du dirigeant, c’est jouer sur plusieurs leviers à la fois : statut, équilibre salaire/dividendes, frais professionnels, épargne, avantages en nature…
L’objectif n’est pas seulement de réduire l’impôt ou les cotisations, mais aussi de construire un revenu durable, protéger sa famille et préparer l’avenir.
En combinant les bons outils, vous pouvez améliorer votre net disponible tout en préservant la santé financière de votre entreprise. Et, surtout, éviter de laisser l’administration fiscale décider à votre place.