Renault : changement de pilote en plein virage
Le départ de Lucas de Meo à la tête de Renault vers Kering a fait l’effet d’une onde de choc, non seulement dans les cercles dirigeants, mais surtout sur les marchés. En quelques heures, l’annonce a déclenché une brutale réallocation des capitaux : lundi soir, l’action Renault s’effondrait de 8 %, soit près de 900 millions d’euros de capitalisation boursière envolés, pendant que le titre Kering bondissait de +12,7 %, représentant un gain d’environ 2,5 milliards d’euros.

Des marchés hypersensibles aux signaux de leadership
Cette double réaction boursière illustre une fois de plus la sensibilité extrême des investisseurs aux questions de gouvernance et de management. Chez Renault, la perte soudaine de celui qui avait su redresser le groupe depuis 2020, dans un contexte de crise industrielle et financière, est vécue comme un risque majeur d’incertitude stratégique. Aucun successeur n’étant pour l’heure désigné, les marchés sanctionnent immédiatement l’absence de visibilité.
A l’inverse, chez Kering, ce recrutement est perçu comme une opportunité de rebond. Confronté depuis plusieurs trimestres aux difficultés de sa marque phare Gucci et à une sous-performance face à LVMH et Hermès, Kering avait un besoin urgent de se réinventer. L’arrivée de Lucas de Meo, réputé pour sa capacité à transformer et repositionner des marques en difficulté, est interprétée comme le début d’une nouvelle dynamique. Et les investisseurs achètent massivement cette promesse de redressement.
Un transfert qui pèse lourd en capitalisation
En additionnant les deux mouvements, c’est un basculement de près de 3,4 milliards d’euros de capitalisation boursière qui s’est produit en l’espace de quelques heures sur le CAC 40.
Ce type de réaction immédiate rappelle une constante des marchés : au-delà des résultats financiers, la confiance accordée aux dirigeants et à leur vision stratégique pèse souvent bien plus lourd dans la valorisation des entreprises. Les investisseurs n’achètent pas seulement des chiffres, ils achètent des trajectoires et des équipes capables de les piloter.
Le marché a déjà (re)pris position
Le départ de Lucas de Meo devient ainsi bien plus qu’un simple mouvement de carrière. Il redessine instantanément les anticipations des investisseurs pour deux des grandes capitalisations françaises. D’un côté, Renault repart avec un handicap de visibilité stratégique à court terme. De l’autre, Kering bénéficie d’un regain d’optimisme à la hauteur des espoirs placés dans le nouveau dirigeant qui prendra ses fonction le 15 septembre 2025.
Reste désormais à savoir si le marché a misé sur le bon cheval, ou plutôt, sur le bon jockey.